C'était le dimanche que la solitude me pesait le plus. Le dimanche, on ne peut pas chercher du travail ou traîner dans les magasins. Tout ce qu'on peut faire, c'est marcher comme si on allait quelque part.
Enfin, je gagnais assez d'argent pour régler le loyer de ma chambre et m'offrir un repas par jour, même s'il m'arrivait parfois de me serrer la ceinture. Mais c'était sans importance. Quand on est jeune et bien portant, ce n'est pas tragique de rester de temps en temps sur sa faim.
L'important, c'était la solitude. Quand on est jeune et bien portant, la solitude peut prendre des proportions démesurées.
Je posais sur les rues un regard désolé. Je n'avais ni parents à aller voir ni copains avec qui sortir. »